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Nous étions 4 amis et partions voler en juin 96 en Grèce, il y avait Philippe mon copilote habituel et C182-1Lucien, la patron de l'Aéroclub (qui assurait aussi la mécanique avion) ainsi que son épouse.

L'avion était un Cessa TR182 (Turbo train rentrant).

On s'était posés à Rome Urbe la veille et avions prévu de décoller assez tôt le matin pour aller à Corfou. Arrivés à 8 heures au terrain, on prend la météo, dépose le plan de vol et ravitaille à ras bord. On était donc un peu lourd mais, il faisait frais.

Je mets en route et roule vers le point d'attente, le sol me bascule sur la tour qui annonce : " Nato excercise, all flights cancelled".

Je rentre au parking, j'ai vraiment la rage, car ils nous ont laissé faire tous les préparatifs, mise en route pour nous planter au seuil de piste. Je le fais savoir bruyamment dans la salle d'opérations en des termes que la politesse ne me permet pas de répéter ici.

Comme l'exercice Otan dure jusqu'à 15 heures, nous décidons de laisser l'avion chargé et d'aller en ville faire un peu de tourisme. Evidemment, c'est ennuyeux de laisser l'avion chauffer au soleil avec les réservoirs pleins.

Un bon déjeuner piazza Navona calme les esprits et à 15 heures pile nous sommes de retour à l'avion, une rapide vérification de l'avion et je mets en route, roulage au point d'attente et j'ai l'autorisation de décoller.

Il fait une chaleur à crever dans le cockpit, je m'aligne, mets plein gaz, l'avion accélère mollement, le badin atteint 40 kts, je suis obligé de retrimmer fortement à piquer, les passagers arrière s'avancent au max sur leur sièges, on roule 1000 m, la piste fait 1200m, et j'ai 60 kts, je tire tout doucement, le manche, l'avion semble instable et décole mollement.

Je préviens mon copain Lucien qu'il n'est pas question de réduire les gaz à 80% comme la procédure club l'indique, il me dit que s'il le faut, je peux garder la puissance maxi 2 ou trois minutes. Pour l'instant, je sue à grosses gouttes pas seulement à cause de la chaleur, il est seulement question de piloter l'avion avec 2 doigts, tout en douceur.

On monte à 200 ft/mn, contre 800 ft/mn habituellement, et je fais 2 tours de pistes rapprochés avant de m'éloigner du terrain et prendre le cheminement de sortie de Rome par l'est.

Je réduis enfin la puissance à 80% et continue en palier avec un badin assez médiocre. La zone de Rome est assez vallonnée et arrivé à un point de report je devrais prendre à droite pour le prochain segment sauf que le terrain monte et que je vois bien que l'avion risque de ne pas monter et terminer dans le villas, j'oblique donc à gauche et continue sur un autre segment.

Enfin après 30 mn de vol, l'avion s'est allégé d'un trentaine de kilo d'essencee et commence à voler normalement et à monter vers le niveau de vol prévu soit 9500 ft. Je suis resté pas loin de 45 mn à 80% de la puissance max, heureusement, le moteur est solide, et ira jusqu'au bout de son potentiel quelques années plus tard.

Le reste du vol fut sans surprise et l'arrivée par le nord à Corfou vraiment magnifique suivi d'une finale sur l'eau pour Kerkira airport absolument géniale.

 

On a bien failli ne pas décoller, le soir on a beaucoup analysé les causes possibles.

Les vols suivants, on refuelait en ne mettant pas les 50 derniers litres et on a systématiquement décollé tôt le matin.

 

Leçon apprise :

Par 40 °, soit 25° au dessus du standard, l'altitude densité est équivalente à 2800 ft et les performances se dégradent signifcativement en distance de décollage, comme en taux de montée. Si en plus on est en surcharge de quelques dizaines de kilos, on a tout faux, à la fois en centrage et surtout en performances.

Au dessus du macadam noir de la piste, la température devait dépasser 40°, le moteur turbo sans intercooler devait avoir une performance encore plus mauvaise qu'un moteur atmosphérique.

Aux US dans les rocheuses, Il y a eu un accident à Taos (7500ft), un Bonanza 260 HP n'a pas décollé alors qu'e le pilote était seul à bord mais l'altitude densité était de 11000ft : on peut se poser de jour mais il faut attendre la nuit ou le matin pour redécoller, même la remise des gaz peut être délicate.

Tag(s) : #Never again
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