Hopping the islands - the Aran islands - 2015

20 Juin 2015

Cette année, nous avions préparé 2 options, l'une étant l'Irlande et l'autre, le plan B, était le Portugal en passant par Ibiza et Tanger.

La météo devint anticyclonique sur l'ouest de l'Europe quelques jours avant le départ prévu.

Ce sont les meilleures conditions pour un voyage en Irlande.

Notre avion est toujours le Cirrus SR20 F-HGTL.

Je prépare les trajets et saisis les plans de vols préparés avec Skyvector dans Rocketroute, qui envoit le GAR (formulaire douanier d’immigration) nécessaire pour tout vol allant ou venant du Royaume Uni.

Toussus – Deauville – Alderney (EGJA) : 200 nm

Nous décollons en fin de matinée pour un vol vers Deauville, escale douanière obligatoire depuis que les services douaniers ont déserté Toussus.

A Deauville, leur présence est épisodique car ils doivent également s’occuper des ferries.

Nous décollons avec 90 mn de retard sur la prévision pour Alderney dans une tempête de ciel bleu. La visibilité est impressionnante.

Après avoir survolé les plages du débarquement, nous arrivons sans difficulté à Alderney en longue finale sur la 26. C'est magnifique.

Les formalités se font en un clin d’œil, nous allons à pied au B&B réservé la veille, puis nous descendons au port admirer les lumières du soir et diner d'un homard péché du jour, c'est un peu cher mais pas plus que le poulet (à Alderney), en plus il est préparé à la mode Thermidor.

Alderney – Kerry (EIKY) : 350 nm

La météo est stable. Nous retournons à pied à l’aérodrome. 2 Nimrod nous survolent très bas.

En 5 mn, nous faisons la douane, commandons l'essence et vérifions le dépôt du plan de vol.

Pendant que nous préparons l'avion, un Land Rover tirant une barrique d'Avgas vient nous ravitailler, l'essence est partiellement détaxée.

Les pressions ont encore augmenté : 1032 hpa. Nous décollons en 08 dans un air très calme, enroulons l'ile, sommes autorisés immédiatement à monter au FL 80. De nombreux écueils parsèment le Raz Blanchard et toute cette zone dangereuse.

Apres avoir basculé sur London Info nous sommes en 'basic service' ce qui signifie sans info de trafic.

Nous arrivons à la cote sud de la Cornouailles, très découpée, virons le VOR de BHD puis traversons des étendues de landes désertiques et atteignons la cote nord, et commençons la longue traversée d'environ 200 nm.

Nous basculons avec Shannon Info à l'approche de la FIR Irlandaise, la radio est très claire.

Puis apercevons les nuages qui chapeautent l'Irlande. Nous descendons sous 3000 ft en approchant de Cork, et demandons à faire un transit côtier pour admirer le paysage. La météo est un peu moins bonne, mais reste excellente pour l'Irlande.

De multiples baies profondes ponctuent le sud de l'ile et le relief est très prononcé avec de vraies montagnes.

Très différent de la Norvège mais très beau. Les communications se font plus hachées à cause du relief.

Nous perdons Shannon Info et contactons directement Kerry. La météo s'est améliorée : 'scattered' avec 1036 hpa.

Le passage des reliefs nous secoue un peu. La dernière baie est très spectaculaire avec des bancs de sable et une barre de terre en travers de l'estuaire et des eaux turquoises.

L’aéroport régional est minuscule et pourtant, 2 liners s'y posent en une heure ainsi qu’un jet privé.

Nous louons une voiture et partons visiter la région sous un soleil radieux. Conduite à gauche, il faut être vigilant au début.

Visite du parc national de Killarney, végétation splendide, d'une grande variété comprenant des plantes tropicales.

Les routes sont très étroites parfois en 'single track', mais la circulation est modérée.

Kerry - EIKY

Kerry – Inishmore (EIIM) : 70 nm

Nous effectuons les formalités et l'avitaillement soit un peu au dessus des tabs afin d'avoir assez d'essence pour aller à Inishmore puis à Sligo, l'avitaillement étant impossible dans les iles d'Aran.

Décollage, la météo est 'scattered', 1039 hpa, 11 degrés et 106% de puissance au décollage, TL décolle très court.

On effectue le transit côtier, la nébulosité passe a 'few', la lumière est magnifique, la côte très dentelée.

Puis arrivent les grandes falaises de calcaire noir qui préfigurent celles des iles d'Aran que nous rejoignons en moins de 5mn de transit maritime.

Je ne comprends pas grand chose à l’écoute d'Aran Info, du gaélique peut être. Je me contente de reporter ma position.

Ces 3 iles sont incroyablement rocheuses avec des milliers de murets en pierre délimitant de minuscules prairies ou de champs de pierres et des petites maisons blanches.

Sur la seconde ile, nous survolons un fort celtique circulaire, puis arrivons sur la troisième, célèbre pour ses falaises noires et son fort celtique au bord de la falaise.

Cela ne ressemble à rien que nous ayons déjà vu et la lumière est magnifique.

Vient le moment de se vérité : l'atterrissage, j'annonce mes intentions, l'AFIS m'indique que c'est à moi de choisir le sens de la piste et ne donne pas la direction du vent. Par chance, un petit bimoteur de la compagnie aérienne locale se présente au point d’attente, il hésite sur la piste, change d'avis puis choisit la 32 et décolle. Immédiatement après, un Jodel s'annonce dans le tour de piste pour se poser, on se croirait a Toussus.

Le survol de la manche à air ne donne pas d'indication précise, elle semble molle.

Je m'annonce pour la 32 et vais chercher une longue finale qui commence sur l'autre ile.

Le PFD me donne le sens et la force du vent : 12 kts 3/4 arrière et je commence à regretter mon choix, mais je poursuis. La force du vent faiblit et il vire plein travers, le choix était bon, aucune turbulence, l'approche est un peu plate mais je tiens 72 à 75 kts. Je réduis en courte et touche sur les marques blanches, volets rentrés et freinage énergique : on est arrêtés en 300 m environ.

Le staff de la minuscule aérogare est sympathique nous fournit une foule d'infos utiles. La taxe est de seulement 10€. La vie est belle.

Nous reconnaissons alors l’équipage britannique du Jodel Sicile que nous avions croise en 2012 à Pampelune lors de notre périple espagnol (Cf L'Espagne en SR20 Viva Espana). Ils ont l'habitude de visiter l'Europe chaque mois de juin avec leur Jodel.

Nous partons visiter l'ile, en particulier le fort semi circulaire datant de l'âge du bronze et situé au sommet de la plus haute falaise.

La bière est excellente tout comme le diner (agneau de l'ile).

Inishmore - EIIM

En courte finale !

TL à Inishmore

Inishmore – Sligo (EISG) : 120 nm

Tempête de ciel bleu, pression inchangée et faible vent du nord.

Un Britten Norman nous survole avant de se poser en 14, le sens de piste a changé.

La manche à air semble justifier la 14. La piste est légèrement montante dans cette direction.

Mise en route, je laisse bien la température monter à 140 F puis remonte la piste 14 jusqu’à l’extrémité, je laisse la puissance monter à 80% avant de lâcher les freins.

L’accélération est bien franche et j'ai 65 kts à mi piste, on est en l'air avec 75 kts à l’extrémité de piste.

Virage à droite afin de longer une fois encore les falaises noires jusqu'à l’extrémité ouest puis nous mettons cap au nord pour le Connemara.

Le Connemara est très sauvage, une multitude de collines, de landes, de lacs et des baies profondes avec des villages minuscules, tout cela sous un ciel bleu avec quelques nuages se reflétant dans l'eau.

Le trafic sur Shannon Info est très limité et nous ne verrons aucun spot sur le TCAS.

Après une heure de vol, nous arrivons à Sligo situé au bord de mer dans un estuaire ensablé.

Nous apercevons des voitures qui rejoignent, à marée basse, par une piste balisée, une ile de la baie.

Le site est magnifique et l’aéroport désert, hormis les services techniques et de sécurité. Nous trouvons à louer une voiture afin de visiter le comte de Donegal.

L'approche de Sligo

SLIGO - EISG

Comté de Donegal

Les plus hautes falaises d'Europe bordent la baie de Donegal. Nous parcourons les routes les plus étroites afin d'explorer toutes les criques et baies. Nous passons une nuit dans un village, puis, poussons jusqu’à l’extrémité nord de l'Irlande avant de revenir à Sligo.

Comté de Mayo

Nous annulons le vol vers Benbecula en Écosse, d'abord en raison du manque d’hébergement sur place et aussi d'une météo plutôt maussade sur les iles d’Écosse occidentale. Nous prolongeons la location de voiture pour visiter le comté de Mayo et l'ile d'Achill. Nous sommes témoins d'un spectaculaire nuage orographique qui redescend de la falaise jusqu'au ras d'un village.

Sligo – Glasgow Prestwick (EGPK) : 200 nm

Le temps est gris, avec un bon plafond et la météo est ensoleillée à Glasgow.

Nous volons vers 2000 ft et mettons le cap sur les plus hautes falaises d'Europe (Donegal).

Les photos manquent de contraste et je monte vers 3000 afin de couper directement vers le point BUREX de sortie de la FIR de Dublin.

La couche se soude en dessous, vers 2000 ft et seuls, quelques sommets arides émergent ça et là.

Puis la météo vire au beau à l'arrivée sur la mer et nous quittons Shannon Info pour Scottish Info.

La radio est claire, nous sommes en Basic service, il y a peu de trafic. Après le passage de l'ile d'Aran (une autre), nous passons avec Prestwick Approach, le trafic est soutenu, je dois reporter à 1500 ft au VRP Heads of Ayr, une fois celui ci atteint, nous passons avec la tour qui nous autorise en base pour la 30.

La minute suivante, nous sommes pries d'orbiter afin de laisser passer une approche IFR, c'est un B747.

Nous sommes numéro 3 derrière un Twin Otter. Après 4 boucles d'attente, nous sommes autorisés à l'atterrissage. Nous retrouvons au parking GA le 747SP, ainsi qu'un TBM 900.

Dans le business lounge, l’équipage du TBM 900, (qui me prend dans un premier temps pour le pilote du 747, j'ai le look :) ), prépare le convoyage vers les US via l'Islande de cette belle machine qui sort d'usine. Nous discutons des particularités du convoyage et aussi des avantages du Cirrus pour voyager en Europe.

La navette nous conduit à la gare de l’aéroport, d’où nous rejoignons Glasgow par le train en 50 mn. Il y a même le wifi dans le train !

Prestwick - EGPK

747 SP VIP

Edimbourg

Je prépare le vol suivant vers l'ile de Man, identifie la société de handling appropriée, il y en a 3 en fonction de la catégorie de l'avion : piston, jet, ou ligne et je la contacte pour les tarifs et instructions particulières. Il faut seulement envoyer le GAR 12 h à l'avance.

Nous visitons Edimbourg que nous rejoignons rapidement en train. Edinbourg mérite son surnom d’Athènes du nord avec une forte concentration de bâtiments anciens, bibliothèques et universités. Le château à lui seul vaut la visite. Nous retournons le soir fourbus à Glasgow.

Glasgow Prestwick – Isle of Man (EINS) : 160 nm

Le temps est gris mais s’améliore rapidement. Nous reprenons le train vers Prestwick.

L'agent de handling vient nous chercher à la gare, j'apprends que le 747SP est un VIP jet ultra long rang venu pour un entrainement.

Nous préparons l'avion et décollons. Le contrôle me donne facilement une sortie ouest afin de nous permettre d'aller nous balader autour de l'ile d'Aran puis du loch Fyne en direction d'Oban.

Les passages ensoleillés et les grains se succèdent, typique du climat local. Scottish Info assure un basic service et nous sommes presque seuls sur la fréquence.

Nous reprenons cap au sud et la météo vire au grand bleu

Après 30 mn, je bascule sur l’approche de Man et entame la descente, le nord de l'ile est très nuageux et montagneux, ce qui explique la nébulosité. Il y a un trafic soutenu sur la fréquence, je m'annonce vers le point N, le contrôleur me demande de reporter à Peel, je saurais une fois au sol qu'il s'agit du même point.

Une fois identifié radar, tout devient clair et je bascule sur la tour. Nous sommes numéro 3 derrière un liner et un bimoteur. La tour me fait orbiter dans la vent arrière puis m'autorise à la finale 26.

De ce coté de l'ile, la météo est au bleu et le paysage très sympa. L'atterrissage est sans difficulté et je me dirige vers le parking W où la société "Rendezvous" assure le handling des petits avions

L'Ile de Man, ressemble à Jersey en plus grand et plus montagneux.

C'est aussi un paradis fiscal mais il semble moins luxueux que les iles anglo-normandes.

Nous découvrons la partie sud ouest de l'ile en train à vapeur à voie étroite.

A noter que leurs avions sont immatriculés en M- ...

Ronaldsway (IoM) - EGNS

L'avitaillement par la société 'Rendezvous'

Isle of Man – Dublin Weston (EIWT) :90 nm

Nous arrivons en fin d’après midi à l’aéroport, la société de handling a déjà positionné le fût d'Avgas devant l’avion. L'avitaillement est fait en quelques minutes. L’économie sur la facture d essence est largement compensée par le coût des prestations de handling.

La météo est mitigée avec des bancs de nuages bas et le trafic assez intense, nous sommes numéro 5 au décollage derrière des avions de tous types et celui qui nous suit est un jet commercial.

Je prends ma clairance, puis suis autorisé à décoller.

Rolling take off et l'on monte au dessus de la mer vers 4000 ft. Après être passés par la tour, l'approche, l'info.

Enfin tranquilles, pas pour longtemps, car après 10 mn nous sommes dans l’espace Irlandais. De nouveau Shannon Info, puis l'approche nord est de Dublin, puis l'approche sud, très efficace nous fait descendre par paliers de 1000 ft en direction du point d’entrée que sont les grandes cheminées et l'embouchure de la rivière Liffy.

A ce point, je passe avec la tour de Dublin qui me demande si je suis familier avec l'approche, réponse négative. Elle me demande de suivre la Liffy en restant au nord de celle ci puis de rappeler en vue de Weston.

Je perds la rivière de vue mais grâce à google maps sur l'IPad, je recolle a la route.

En vue de Weston, je passe sur Weston tour qui m'autorise en longue finale 25. Il faut faire attention avec le soleil couchant, car l'une des 2 pistes est désaffectée et l'autre n'occupe qu'une partie de l'ancienne piste.

L'atterrissage est facile et le service au sol, parfait, nous appelle un taxi.

Il n’existe pas de VAC publiée pour Weston (comme pour les autres terrains d'importance) et il faut donc prendre à la volée les fréquences, en particulier celles de Dublin Intl qui n'apparaissent pas dans la doc publiée, tout en effectuant une approche à vue non familière, c'est là que le pilote automatique du Cirrus est d'une grande aide.

Weston en coincé entre une base militaire et Dublin Intl, un mince corridor VFR permet de rejoindre la mer.

Visite de la ville le lendemain, surtout le Trinity college et les fabuleux manuscrits enluminés du 8eme siècle.

L'ambiance des pubs est très sympa et nous goutons à la gastronomie locale de très bon niveau.

La prévision météo indique une bonne fenêtre sur la France le lendemain en fin de journée, les iles britanniques étant CAVOK sur la fin de semaine.

Weston - EIWT

Dublin Weston - Toussus : 470 nm

Nous arrivons en fin d’après midi pour un vol qui doit durer environ 3:15 avec un vent favorable.

L'avitaillement est promptement expédié. Mise en route, chargement du plan de vol dans les GNS 430.

La procédure de sortie est la même que celle d’arrivée mais en sens inverse et en volant au sud de la Liffy.

Toutes les fréquences sont prêtes dans le GNS430 et c'est bien plus facile d'autant que le soleil est dans le dos, il suffit de dérouler à l'envers.

On survole le centre ville à 1500 ft, unique en Europe avec une super lumière pour les photos.

On monte ensuite par paliers assez rapides vers le 65 avec 25 kts de vent 3/4 arrière.

Bien réglé, TL prend 165 kts qu'il conservera jusque vers Bernay.

En quittant la TMA de Dublin, le trafic radio se réduit considérablement, le trajet est en ligne presque droite jusqu’à SKESO qui marque l’entrée de la TMA du Royaume Uni.

Le contrôle anglais, qui assure le 'basic service', me demande une altération de cap de 5° afin d’éviter une petite zone militaire active vers Swansea.

Nous continuons dans une tempête de ciel bleu jusqu'aux iles anglo-normandes.

Le contrôle Français semble ne pas avoir reçu le plan de vol, ce qui est confirmé par le contrôleur de Toussus que nous contactons juste avant qu'il ne clôture son service à 21:30.

Nous sommes seuls dans le tour de piste et ponctuons par un atterrissage entre chien et loup ce très beau voyage.

Bilan :

L'Irlande est un pays peu habitué à l'aviation générale, peu d'avions basés et peu d'avions visiteurs (en immatriculation G) en dehors de la zone de Dublin. Le niveau du trafic est généralement très faible.

Le professionnalisme des différents acteurs est excellent, l'anglais très facile à comprendre et les Irlandais sont très accueillants.

Mêmes remarques pour la zone Royaume Uni, avec un trafic beaucoup plus important et des prestations facturées fort cher.

Pour les cartes, la doc AIP disponible sur Internet plus la carte au 1 / 1 000 000 suffisent amplement pour renseigner les quelques VRP. Naviguer avec les points IFR facilite les échanges radio. Ceux ci sont consultables sur Skyvector lors de la préparation du vol, puis, dans la base de l'Avidyne et sur les cartes en route low altitude IFR.

Comme pour les voyages précédents, le SR20 se révèle un avion très confortable.

Son avionique et son pilote automatique réduisent significativement la charge de travail ce qui permet d'être disponible quand celle ci s'alourdit, dans des zones d'approche congestionnées.

Et l'on reste frais pour apprécier le reste de la journée, une fois revenu sur terre.

Un grand merci à l'ATCF pour ses avions modernes et performants.

Les photos aériennes et la Video